« L’exercice de la médecine » Laurent Seksik

L’exercice de la médecine
Laurent Seksik
Flammarion, 2015

Rentrée littéraire 2015

Place de l'Opéra, on vient brûler les livres.

Léna Kotev est médecin cancérologue à Paris. Elle perpétue la longue lignée familiale dans l’exercice de la médecine, depuis la Russie des Pogroms et passant par le Berlin des années 1930.

medecineJe me souviens encore de la lecture Cas Eduard Einstein. J’espère en ouvrant ce roman qu’il me laissera un souvenir aussi vivace. J’embarque pour des allers-retours dans le temps, entre plusieurs strates générationnelles de la famille Kotev, et dans le même mouvement, plusieurs states de l’histoire du peuple juif. La famille voyage et fuit au fil du temps, suivant les répressions. Chez Lena, je demande l’arrière-grand-père qui subit les Pogroms en Russie ; le grand-père qui se réfugie à Berlin, terre d’accueil pour la communauté juive, avant la montée de fascisme qui le pousse à fuir en France, peu avant l’Occupation. C’est un déracinement sans fin que l’on guérit dans la solidarité familiale et la perpétuation de la même vocation.

Alors même que le métier de médecin les expose en permanence, les Kotev s’acharnent. Ce n’est pas simplement une occupation. C’est un don de leur vie au service de celles des autres. Ils ne peuvent pas se cacher, ils sont connus de tous, et ils connaissent tout le monde. La dangerosité de leur position les tourmente mais tout égoïsme – voire tout instinct de survie – doit s’effacer devant cette vocation qui s’apparente à un principe quasi religieux.

Léna est tiraillée par l’ambiguïté de ses sentiments. Elle semble vouloir échapper à son destin et tout à la fois, elle sait être liée à sa famille par ce métier. Les liens du sang, ici l’expression irradie de vérité. Alors qu’on monte aux nues l’individu, Léna reste dans ce schéma qui lui apporte la continuité dont elle a besoin. Celle avec ses ancêtres, tristes histoires souvent contées par son père. Elle serait perdue sans ce lien, mais guidée par ce fil rouge, elle n’est jamais seule, veillée par les fantômes bienveillants de sa lignée.

C’est encore un roman bien documenté que nous propose Laurent Seksik cette année, mais avant tout, très poignant. Il atteint les profondeurs secrètes du cœur avec des personnages pour qui l’on éprouve une grande tendresse. Alors forcément, c’est un coup de cœur, encore.

On aime, on n’aime pas? Allez donc voir par là
Tu vas t’abîmer les yeux
Onlalu

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