« En attendant Bojangles » Olivier Bourdeaut

En attendant Bojangles
Olivier Bourgeaut
Editions Finitude, 2016

Certains ne deviennent jamais fous. 
Leurs vies doivent être bien ennuyeuses.

Elle change de prénom tous les jours. Il est chasseur de mouches au harpon. Ils dansent inlassablement sur « Bojangles ». Et leur fils qui admire la parade de ses deux parents qui font pousser leur folie comme une fleur.

C’est l’heure de parler du livre dont tout le monde parle. Que tout le monde lit. J’ai croisé au moins quatre personnes dans le métro qui le lisaient en même temps que moi. Premier roman d’Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles s’est imposé en tête des ventes dernièrement. Très vite étiqueté feel good book, il devait nous sauver de l’extrême morosité de ce début d’année. Énorme tâche, dites donc.eab1

Chez ce couple extravagant, on ne parle plus de « grain de folie » puisque la graine a bien germé. Un homme qui aime faire croire à d’éléphantesques mensonges et une femme fantasque et fantastique se rencontrent et c’est l’amour fou. Il la protège, la main autour de la taille, la suit et l’accompagne dans cette danse de la folie naissante. Ici, protection ne rime pas avec érection de barrières, mais avec adaptation. Le monde doit s’adapter à elle, et non le contraire. Et s’il est réticent, nous en ferons fi.

eab2Sauf que ce n’est pas si simple, n’est-ce pas? Surtout quand on a un enfant en âge d’aller à l’école et de fracasser la fantaisie de son foyer et de ses géniteurs contre le vrai monde de la réalité véritable. Pas si simple quand on est un mari et un père qui doit travailler tous les jours pour subvenir à leurs besoins. Ces deux-là sont les narrateurs, et ce n’est pas innocent. Elle vit mal les contraintes. C’est finalement la liberté qui prend le dessus, une liberté absolue, un désir de tout vivre dans une joie permanente, quitte à brûler comme un feu de paille. Pourvu qu’on profite de la vie sans aucune entrave.

eab3Alors. Oui, c’est extasiant, oui, le moral se gonfle devant ces personnages qui n’ont peur de rien et qui ignorent si aveuglément leurs problèmes. Mais entre les lignes pointe une certaine mélancolie, celle de la chanson, celle qui annonce que tout ça ne pourra pas durer. La musique hante aussi les mots : ils rythment et ils riment. Ici, j’ai eu un souci. J’ai trouvé le procédé un peu superficiel (oui, je l’ai dit, faites-moi un procès) et j’ai eu du mal à m’adapter au début de ma lecture. Cependant, c’est un premier roman très surprenant. Pas un coup de cœur pour lequel je danserais dans mon salon, mais une lecture sautillante qui, je l’espère, me laissera un souvenir vivace.

On aime? On n’aime pas? Allez donc voir par là
Domi C Lire
Les Petits Madeleines
Bar à BD chez Mo

3 réflexions sur “« En attendant Bojangles » Olivier Bourdeaut

  1. j’ai souri en lisant ton billet, parce qu’on a dansé dans notre salon sur le titre de Nina Simone ! vivement le prochain titre qui te fera sautiller, alors! 😉

    1. C’est une très belle chanson! Et c’était un agréable moment. Juste… je n’ai pas grimpé aux rideaux ^^
      J’attends surtout de voir quel souvenir il me laissera dans quelques mois. ON devrait presque faire un retour sur certaines lectures au bout d’un temps donné. Mais on ne s’en sortirait plus!

  2. Le rythme narratif contraste effectivement avec l’air de Nina Simone. Je ne connaissais pas ce titre (et ce n’est pas faute d’écouter Nina Simone depuis des années) et j’ai été assez surprise en l’écoutant car je m’attendais à quelque chose de plus entraînant. Mais c’était au début de ma lecture de l’ouvrage de Bourdeaut, je trouvais cela dysharmonique… et puis… cette mélancolie dont tu parles, je l’ai trouvé pleine de tendresse. Du coup, j’ai passé un très bon moment. Vraiment bien aimé le fond et la forme

Laisser un commentaire