« Journal d’un vampire en pyjama » Mathias Malzieu

Vampire en cavale recherché par les autorités médicales le long du littoral. Signalement : très blanc, tout petit, fait du skateboard au ralenti.

2013. Fatigue poussée et prise de sang, le verdict tombe : aplasie médullaire pour Mathias Malzieu. Une maladie du sang rarissime, voire collector. Une maladie auto-immune où le corps s’attaque lui-même. Épreuve ou aventure, traitements et isolement, pour enfin renaître.

Un nouveau roman de Mathias Malzieu, c’est toujours un cadeau. C’est maintenant la coutume de sortir le livre et l’album, vous aurez donc une espèce de chronique livre-album-concert. J’ai commencé par le livre. Cette fois-ci, la fiction et le fantastique font un pas de côté. A part Dame Oclès, présence menaçante qui rôde toujours dans un coin de chambre stérile, on ne cherche plus la réalité derrière la fiction. L’auteur se renouvelle et livre en toute candeur et honnêteté l’épreuve de la maladie. C’était déjà sans doute suffisamment fantastique de s’en être sorti entier. Ne trouvant aucun donneur de moelle osseuse compatible à 100%, son médecin opte pour une greffe de cellules de cordon ombilical, opération généralement pratiquée sur… les enfants. Comme quoi, être petit, ça peut sauver la vie. Être petit avec un cœur qui déborde, c’est encore plus difficile quand cette hospitalisation ravive de douloureux souvenirs familiaux, évoqués dans le roman Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi. Heureusement, la famille, les amis, l’amoureuse sont là. Ainsi que le personnel hospitalier à qui Mathias écrit une vraie déclaration d’amour.

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C’est une renaissance glorieuse qui attend au bout du tunnel, c’est la vie créative qui fait tenir. Pendant qu’il change de groupe sanguin, il entend les échos de Dionysos qui travaille déjà à un prochain album. Il fonde même sa propre petite maison de disques, Eggman Records, et enregistre avec les copains des chansons dans son appartement. Tous les projets sont bons à prendre. Sa plume bataille et nous offre encore de belles lignes, émouvantes, drôles, poétiques qui grignotent le cœur et font du skateboard sur les paupières.

IMG_20160509_152905Et comment décrire l’album? Le Vampire en Pyjama est un recueil de chansons lumineuses et éclatantes. Courtes mélodies qui vont droit aux tripes. Évidemment, on y sent de la mélancolie, de la douleur, mais si je ne devais mettre qu’un mot dessus, ce serait « luminescence », des chansons qui brillent dans le noir grâce à des particules électriques. Voir Dionysos en concert au Grand Rex promettait un déferlement d’émotions fortes, et c’était le cas. Ovations et vraie tendresse du public pour ce groupe que je suis depuis plus de 15 ans. Pincement au cœur parce qu’on sait que Mathias Malzieu, habitué aux slams diaboliques qui le laissaient à moitié mort de joie, doit se tempérer. Cela ne l’a pas empêché de venir nous visiter jusqu’au second balcon. La réorchestration des anciens morceaux, façon plus calme, peut être frustrante autant qu’elle apporte une certaine fraîcheur. Entre Ciel en Sauce et Vampire de l’Amour, c’est un voyage dans le temps et une page qui se tourne pour continuer l’histoire.

Bref, lisez, écoutez, allez voir et aimez Mathias Malzieu et Dionysos.
Et moi, je vais me remettre au ukulélé.

Les avis de Petites Madeleines, Histoire de Plumes et Tartinneauxpommes.

Journal d’un vampire en pyjama, Mathias Malzieu
Albin Michel, 2016, 18€

Un teaser de l’album avec la chanson la plus représentative et celle que je préfère, Hospital Blues.

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